Les abus de biens sociaux sont des délits qui touchent de nombreuses entreprises. Pour les déceler et les prévenir, les détectives privés peuvent être sollicités. Cependant, le cadre légal autour de la surveillance des abus de biens sociaux est strict en France. Découvrons les règles et les limites auxquelles sont soumis ces professionnels pour mener à bien leurs enquêtes.
Qu’est-ce qu’un abus de biens sociaux ?
L’abus de biens sociaux (ABS) est un délit qui consiste pour un dirigeant d’une société à utiliser, de mauvaise foi, les biens ou le crédit de l’entreprise à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société dans laquelle il a un intérêt direct ou indirect. Les sanctions encourues en cas d’ABS sont sévères : jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende.
Rôle du détective privé dans la surveillance des abus de biens sociaux
Le détective privé, aussi appelé enquêteur privé, est un professionnel chargé d’obtenir des informations et des preuves pour le compte de son client. Dans le cadre d’une enquête sur un abus de biens sociaux, il peut être mandaté par l’entreprise elle-même, par ses actionnaires ou par toute partie ayant un intérêt légitime à agir.
Le détective privé doit alors recueillir des éléments probants permettant de prouver l’existence d’un ABS et d’identifier les responsables. Pour cela, il peut mener des investigations, interroger des témoins, consulter des documents comptables ou encore effectuer une surveillance physique ou électronique.
Les règles encadrant la surveillance par un détective privé
La profession de détective privé est réglementée en France. Pour exercer, un enquêteur privé doit être titulaire d’une autorisation délivrée par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS) et respecter un certain nombre de règles déontologiques.
Toutefois, concernant la surveillance des abus de biens sociaux, il existe des limites que le détective privé ne peut franchir. Parmi celles-ci figurent notamment :
- Le respect du secret professionnel : le détective privé ne peut divulguer les informations obtenues au cours de son enquête qu’à son client et aux personnes habilitées à les recevoir (avocats, magistrats…).
- Le respect du droit à la vie privée : la collecte d’informations sur une personne doit se faire dans le respect de sa vie privée et familiale. Ainsi, le détective ne peut utiliser des moyens disproportionnés pour obtenir des preuves (écoutes téléphoniques illégales, intrusion dans un domicile…).
- Le respect des lois sur la protection des données : lorsqu’il traite des données personnelles, le détective privé doit se conformer au Règlement général sur la protection des données (RGPD) et à la loi Informatique et Libertés.
La recevabilité des preuves obtenues par un détective privé en matière d’abus de biens sociaux
Pour que les preuves recueillies par un détective privé soient recevables devant un tribunal, elles doivent avoir été obtenues légalement et dans le respect des droits fondamentaux. Ainsi, si une preuve a été obtenue par des moyens illégaux ou disproportionnés, elle pourra être écartée par le juge et ne pourra pas servir à établir l’existence d’un abus de biens sociaux.
En revanche, si le détective a respecté les règles encadrant sa profession et que les preuves sont suffisamment probantes, elles pourront être utilisées pour engager la responsabilité pénale du dirigeant mis en cause. Dans certains cas, les éléments recueillis par le détective privé peuvent également servir à engager une action en responsabilité civile contre le dirigeant fautif.
En conclusion, la surveillance des abus de biens sociaux par un détective privé est soumise à un encadrement strict en France. Pour mener à bien leurs enquêtes, ces professionnels doivent respecter de nombreuses règles et veiller à ne pas porter atteinte aux droits fondamentaux des personnes concernées. Les preuves ainsi recueillies pourront ensuite être utilisées devant les tribunaux, à condition d’avoir été obtenues légalement et de manière proportionnée.